24 heures du Mans 2009

Team SIGNATURE PLUS – Courage-Oreca-Judd LMP1 n°12
Franck Mailleux / Pierre Ragues / Didier André
 
Signature à la hauteur des 24 Heures
 
L’équipe Signature Plus a réussi un bel exploit en atteignant l’arrivée des 24 Heures du Mans dès sa première tentative. Pierre Ragues, Franck Mailleux et Didier André ont mené leur Courage-Oreca à une remarquable 11ème place au classement général et dans le Top 10 de la catégorie LMP1. A 15h03 dimanche, le proto n°12 est passé sous le drapeau à damier le plus convoité du monde, déclenchant le torrent de joie et d’émotion que l’on imagine… Signature et l’endurance ? Une belle histoire qui ne fait sans doute que commencer…
 
Signature Plus découvre les courses de longue haleine cette saison. L’apprentissage a débuté par un premier résultat significatif, sous la forme d’une 4ème place en avril aux 1000 kilomètres de Catalunya. Depuis, la voiture préparée à Bourges a de nouveau franchi la ligne d’arrivée des 1000 kilomètres de Spa-Francorchamps, avant d’effectuer une importante séance de test à Magny-Cours, incluant de consistants runs de nuit. Malgré cette préparation intensive, elle fait partie des moins expérimentées du plateau qui investit la célèbre place des Jacobins à partir du lundi précédant l’épreuve pour les vérifications. Le staff découvre un cérémonial qui fait partie intégrante de la tradition des 24 Heures du Mans. Les voitures sont minutieusement auscultées par les commissaires techniques, avant de se faire photographier en compagnie de leurs pilotes et de leur équipe technique.
 
Pour ses débuts au plus haut niveau de l’endurance, Signature aligne un prototype Courage-Oreca LC70 à moteur V10 Judd de 650 chevaux répondant à la réglementation LMP1, la catégorie reine des sport-protos. On y retrouve les favoris de l’épreuve : trois Peugeot HDI FAP officielles renforcées par l’engagement d’une auto privée chez Pescarolo Sport, cinq Audi dont trois nouvelles R15 TDI d’usine, trois Lola Aston Martin « Gulf » officielles, deux Oreca, une Pescarolo… En tout, 20 LMP1 figurent parmi les 55 voitures engagées.
 
Les deux pilotes habituels de l’équipe en Le Mans Series sont bien sûr présents pour le grand rendez-vous de la saison. Le palmarès de Pierre Ragues fait état d’une victoire aux 24 Heures du Mans… Karting, en 2005, mais aussi d’un titre de vice-champion de France de Formule Campus, et de belles années de perfectionnement en Formula Renault 2.0 et Formula Masters. Il a pris part aux 24 Heures du Mans en 2006 au volant d’une Courage Paul Belmondo Racing et en 2008, il a décroché un podium en LMP2 avec une Pescarolo de Saulnier Racing. A 24 ans, le Rennais Franck Mailleux est le benjamin de l’équipage de la Courage-Oreca-Signature n°12. Il découvre Le Mans et l’endurance au sortir de deux saisons en Formule 3 Euro Série, marquées par deux victoires, dont une avec Signature. Ce jeune duo est renforcé pour Le Mans par l’expérimenté Didier André. Le pilote Lyonnais, qui a brillé en monoplace des deux côtés de l’Atlantique jusqu’au début des années 2000, compte six participations aux 24 Heures du Mans. Il a atteint l’arrivée à cinq reprises, dont une victoire en catégorie LMP675 (l’actuel LMP2) en 2003.
 
Le mercredi est réservé aux essais libres, avec l’obligation pour le rookie Franck Mailleux de boucler dix tours au minimum, sous peine de se voir refuser le départ. Cette formalité est accomplie sans difficulté, au cours d’une longue séance marquée par la pluie. On en profite pour tester les pneus sculptés version 2009, en alternance avec les intermédiaires selon l’importance des précipitations, mais pour les slicks, il faudra attendre les séances qualificatives du lendemain…
 
Au lieu de titiller le chrono, l’équipe se concentre sur l’évaluation du comportement des pneumatiques, car c’est naturellement sur le terrain de la constance que Signature peut faire la différence en course. L’objectif est de limiter le nombre de changements de pneus pour gagner un temps précieux dans les stands, sans trop pénaliser l’évolution des performances en piste. Finalement, la Courage-Oreca-Signature démontre qu’elle peut couvrir sans problème un triple relais avec le même train de pneus.
 
Vendredi, pendant que le staff met la dernière main à la préparation de la voiture et du stand, Franck, Didier et Pierre sont en ville pour la grande parade des pilotes. Comme chaque année, l’accueil du public manceau est aussi chaleureux qu’enthousiaste. Quelques dizaines de milliers d’autographes de photos plus tard, il est temps d’entamer une grosse nuit de sommeil : le warm-up commence à 8h30, et la plus grande course du monde à 15 heures !
 
Pierre Ragues est désigné pour prendre le départ, car il connaît à la fois la voiture, le circuit et l’épreuve. Les premières heures se passent bien, tellement bien que l’on décide d’effectuer un quadruple relais avec le même pilote et le même train de Michelin ! « Nous avons même quintuplé les relais en début de nuit avec Franck, en arrivant à la limite du temps de conduite, puis de 11h10 à l’arrivée avec Pierre » confiait Philippe Sinault. « Cela s’est fait en accord avec Michelin, bien sûr, qui a accepté de jouer le jeu. » La 12 oscille entre la 11ème et la 17ème place pendant la première moitié de l’épreuve. Le plus grand moment d’inquiétude survient justement à la mi-course, peu avant 3 heures du matin, quand les écrans géants retransmettent l’image de Pierre arrêté dans le bac à graviers de la courbe Dunlop. Philippe Sinault nous raconte cet angoissant épisode. « Au restart qui a suivi une neutralisation sous safety-car, Pierre a aperçu les appels de phare d’une des voitures de tête. En voulant lui laisser le passage, il a touché une Ferrari qu’il venait de dépasser. La suspension arrière était très endommagée, et il lui a fallu plus d’un quart d’heure pour sortir du bac et effectuer le tour complet sur trois roues. A son retour au stand, nous avons dû changer presque tout le côté gauche de la voiture, les capots, un disque de frein, un demi-train, le radiateur, le ponton… » En tout et pour tout, plus de 40 minutes sont perdues dans l’incident. La 12 plonge au 20ème rang. Du côté des stratèges de l’équipe, on ne panique ni ne gamberge. Le tableau de marge est maintenu et la nuit magique des 24 Heures du Mans s’achève sur la reconquête d’un réconfortant 15ème rang.
 
Dimanche matin, Didier se plaint d’un problème de tenue de route. Il faut changer une transmission et on en profite pour remplacer aussi le boîtier électronique. Le temps d’arrêt est limité à 15 minutes. « Malheureusement, nous n’avons pas reprogrammé le « pit-limiter » et Franck a involontairement dépassé la vitesse maxi dans les stands, ce qui nous a coûté un stop and go de 30 seconde » précise Philippe Sinault.
 
La fin de la course se déroule sans autre contretemps, ce qui n’est pas le cas de certains adversaires directs de la Courage-Oreca-Signature ! Dans une dernière heure un peu folle, elle affiche une santé de fer et passe de la 16ème à la 11ème place ! Voilà qui n’est pas courant dans une course où le classement évolue en général assez peu une fois dépassée la barre des 4000 kilomètres parcourus.
 
« Le Mans est une expérience vraiment très spéciale à tous les niveaux » concluait le team-manager de Signature-Plus. « Le temps défile, mais on ne le voit pas passer. Nous aurions aimé terminer dans les dix premiers du classement général, mais finalement, même sans nos soucis, cela aurait été hypothétique. Devant nous, il y a de très grands constructeurs et d’excellentes équipes, nous pouvons donc nous réjouir de notre classement. Nous avons montré que nous étions à la hauteur du challenge, et nous allons maintenant pouvoir faire d’autres rêves… Je voudrais remercier toute l’équipe pour avoir amené la voiture à l’arrivée, pour nous avoir offert cette 24ème heure de folie. Merci aussi à tous les amis venus nous encourager pendant cette semaine. » Parmi ceux-ci, on relevait quelques noms célèbres, comme, Alain Prost que l’on ne présente plus, l’ancien double poleman des 24 Heures Philippe Alliot, René Arnoux, vainqueur de sept Grand Prix de F1, Gérard Larrousse, triple vainqueur au Mans si l’on inclut les victoires décrochées au volant de la Matra et à la tête de l’équipe Renault, ou encore le « Commissaire Moulin » Yves Rénier et Gérard Holz…
 
Il reste encore 3000 kilomètres de course à effectuer dans le cadre des trois dernières épreuves de Le Mans Series. Signature voudra briller dans la nuit portugaise, sur le nouveau circuit de l’Algarve, où l’arrivée sera jugée en nocturne le 1er août prochain.
 
Source Signature-Team